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Channel: Le blog de la Coudoulière
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Les insectes invasifs de la Coudoulière

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Par définition, une espèce invasive est une espèce exotique qui peut nuire à la biodiversité autochtone dans laquelle elle a été introduite. On connait les effets néfastes de l'algue verte "tueuse" (Caulerpa taxifolia) après son introduction accidentelle en milieu marin depuis l'aquarium de Monaco, et observée dans la baie du Brusc. On connait aussi les dégâts que peut causer dans les plans d'eau de la Coudoulière les petites tortues de Floride carnivores (Trachemys scripta elegans) qui peuvent en grandissant devenir très voraces et dépasser les 30 cm. Dans les lacs du domaine de la Coudoulière, lors d'un alevinage en gardons, furent introduits accidentellement des perches-soleils (Lepomis gibbosus), originaires d'Amérique du Nord. La multiplication de ces carnassiers a contribué à la raréfaction des gardons (Rutilus rutilus) et des gambusies (Gambusia affinis) dont elles mangent les oeufs et les jeunes individus. Les espèces végétales exogènes sont aussi à surveiller car leur prolifération nuit au développement des plantes locales. Citons à la Coudoulière les griffes de sorcières (Carpobrotus edulis) originaires d'Afrique du Sud et les herbes de la Pampa (Cortaderia selloana) originaires d'Amérique du Sud.

12 des 13 insectes venus d'ailleurs
Dans cet article, nous allons nous intéresser plus particulièrement aux insectes. J'ai recensé dans notre quartier treize espèces d'insectes venus d'ailleurs et introduits en France volontairement ou accidentellement. Commençons par les "gentils" insectes introduits chez nous pour contribuer à la lutte biologique.

1 - les coccinelles asiatiques (Harmonia axyridis)

5/10/2013 - allée des Cèdres
Originaires de Chine, elles ont été introduites massivement dès 1980 dans de nombreux pays pour lutter contre les pucerons dont elles se nourrissent. Cependant, par leur comportement agressif, leur prolificité et leur voracité, elles sont devenues au fil du temps des espèces invasives nuisibles pour les coccinelles autochtones aphidiphages qu'elles tendent à éliminer. Elles présentent une large gamme de coloris, allant du rouge à points noirs au noir à points rouges, en passant par de nombreuses nuances de jaune. Leurs élytres peuvent être ornés de points (jusqu'à dix neuf) ou en être dépourvus.

2 - les coccinelles australiennes (Rodolia cardinalis)

11/6/2014 - les Jardins d'Azur
En Australie, ce sont des prédatrices naturelles de la cochenille floconneuse des agrumes (Icerya purchasi). Elles ont été importées en Europe vers la fin du XIXe siècle pour lutter contre ce fléau. Ces coccinelles sont les grandes championnes incontestées de la lutte biologique. D'une part, grâce à elles on peut éviter d'avoir recours aux traitements chimiques, et d'autre part, vu qu'elles sont monophages, elles ne nuisent pas aux autres insectes. Elles mesurent environ 3 mm. Leur tête et leur thorax sont noirs. Les élytres sont noirs avec des dessins rouges en forme de chevrons. Leurs pattes sont d'une coloration orangée.

3 - les bâtons du diable (Carausius morosus)

23/6/2014 - allée du mont Ventoux
Appelés également phasmes bâtons ou encore dixippes moroses, ce sont des phasmes originaires de l'Inde, et plus particulièrement de la région de Shambaganur. Ils ont été importés en Europe en 1897 par le professeur Pantel pour étudier la parthénogenèse (1) chez cet insecte. Les femelles mesurent environ 10 cm. Les mâles sont très rares du fait de l'aptitude des femelles à se reproduire sans eux. Leur durée de vie est de 6 à 12 mois. Leur corps fusiforme ressemble à une brindille grise, brune ou verdâtre, selon leur biotope. Ce mimétisme est accentué par le placement de leurs pattes antérieures vers l'avant, dans le prolongement du corps. Ce sont des insectes nocturnes qui se nourrissent de ronces, lierres, rosiers, troènes, framboisiers, etc. Du fait de leur rareté, ils ne présentent aucun risque invasif ou de dévastation des végétaux. 

4 - les mouches soldats noires  (Hermetia illucens)

23/6/2014 - berge extérieure du lac de l'anneau
Connues outre-atlantique sous le nom de "black soldiers fly", ce sont des diptères (mouches) originaires du continent américain. Le premier spécimen a été signalé à Toulon en 1951. Longs d'environ 17 mm, ils possèdent un thorax et une tête noirs et des ailes fumées. Leurs yeux sont gris tachetés de noir. Leurs pattes sont noires avec les derniers segments jaunâtres. Quant à leur abdomen, il est brun, pouvant présenter une extrémité rougeâtre. Les femelles pondent sur des substrats d'origine végétale ou animale en voie de décomposition qui serviront de nourriture aux futures larves. Celles-ci se développent en consommant ces déchets, ce qui en fait des hôtes des composts remarquables et explique leur utilisation pour la bioconversion. Bien que ce soient des espèces invasives, elles ne sont pas considérées comme nuisibles. En effet les adultes sont inoffensifs et les larves sont particulièrement intéressantes dans la gestion et la valorisation des déchets.

5 - les abeilles italiennes  (Apis mellifera ligustica)

6/6/2014 - parc de la Méditerranée
Appelées également abeilles jaunes à cause de la couleur des premiers tergites de leur abdomen, ce sont des sous-espèces d'abeilles à miel apparues au sud des Alpes italiennes. Actuellement elles occupent 20% du cheptel français, après les abeilles noires (Apis mellifera mellifera) et les abeilles européennes (Apis mellifera). Elles sont très appréciées des apiculteurs par leur couvain abondant et précoce, et pour la fabrication de paquets d'abeilles et de gelée royale. Revers de la médaille : elles sont pillardes, sensibles aux maladies et aux hivers rigoureux. De plus elles se révèlent agressives quand elles sont coupées avec des mâles noirs.


Je ne parlerais pas dans ce blog d'un autre hyménoptère : le frelon asiatique (Vespa velutina) apparu au port du Havre en 2004, caché dans des poteries en provenance de Chine. Recensé dans l'est varois en 2012, il s'attaque aux abeilles mellifères et poursuit sa progression vers d'autres départements. A ce jour, aucun nid de frelons asiatiques n'a été signalé à Six-fours-les-plages, et encore moins à la Coudoulière, ce qui me conduit naturellement à vous parler des insectes qualifiés de "méchants"...

6 - les charançons rouges des palmiers  (Rhynchophorus ferrugineus)

11/10/2009 - résidence le Palmier
Considérés comme nuisibles pour les plantations de palmiers d'Asie et de Mélanésie, les CRP (abréviation de charançon rouge du palmier) ont atteint le Moyen-Orient, puis le bassin méditerranéen au milieu des années 1980. L'espèce est identifiée en octobre 2006, à Sanary, dans le Var. Elle a occasionné de nombreux dégâts dans notre quartier (domaine de la Coudoulière, parc de la Méditerranée et dans plusieurs propriétés) parmi les plantations de palmiers Phoenix qu'il a fallu abattre ou traiter. Comme leur nom l'indique, ce sont des charançons d'environ 35 mm, au corps brun-rouge, muni d'un rostre incurvé. Le pronotum est de même couleur avec quelques points noirs de formes et tailles variables. Les élytres, nervurées longitudinalement, sont rouge sombre et ne recouvrent pas complètement l'abdomen. Leurs larves dodues, d'un blanc crème, se nourrissent du coeur des palmiers. Les arbres infestés perdent alors leurs palmes, et meurent après pourrissement complet du tronc.

7 - les bombyx du palmier (Paysandisia archon)

13/8/2013 - parc de la Méditerranée
Autres prédateurs des palmiers, ces papillons massifs sont dotés d'ailes supérieures et d'un corps de couleur brun ocré, et d'ailes postérieures orangées et blanches ornées de deux bandes noires. Originaires de l'Uruguay et du centre de l'Argentine, ces papillons ont été importés accidentellement avec des palmiers sur la Côte d'Azur en 2001. Ils ont envahi le littoral méditerranéen et les lieux plantés de palmiers dont ils se nourrissent. Depuis leur introduction accidentelle en Europe, ces bombyx deviennent un sujet de préoccupation important à cause des dégâts parfois irrémédiables provoqués sur les palmiers tant locaux qu’exotiques. L'an passé, plusieurs palmiers de la commune de Six-fours-les-plages ont été soumis à un protocole expérimental de lutte biologique pour combattre à la fois le charançon rouge et le bombyx du palmier avec un champignon (Beauvaria bassiana) qui a la particularité, après avoir été en contact avec l’insecte, de l’envahir puis le momifier.

8 - les bruns des pélargoniums (Cacyreus marshalli)

27/9/2013 - maison du Cygne
Originaires d’Afrique (Afrique du Sud, Mozambique, Zimbabwe), ces papillons sont apparus en France pour la première fois en 1997, via les Baléares, dans des cargaisons de géraniums importées d'Afrique du Sud. Leurs chenilles se nourrissent des parties aériennes de la plante, notamment des fleurs et bourgeons floraux. Etant considérés comme nuisibles, leur destruction est obligatoire. Comment reconnaître ces petits papillons ? Ils sont de dominance brune, d'une envergure d'environ 30 mm. La face supérieure de leurs ailes sont d'un brun sombre avec une fine bordure noire piquetée de blanc. La face inférieure est de coloration gris brun, marquée de bandes sombres alternant avec des lignes plus claires. Les ailes arrière présentent un ocelle noir et se terminent par une petite queue fine, caractéristique de l'espèce.

9 - les cicadelles blanches (Metcalfa pruinosa)

19/3/2005 - avenue des Platanes
Appelés aussi cicadelles pruineuses, ces insectes piqueurs-suceurs originaires d'Amérique du Nord ont été introduits accidentellement en Italie à la fin des années 1970, puis sont apparues dans le sud de la France en 1985. Se nourrissant de végétaux, les ciccadelles exsudent un miellat qui attire divers hyménoptères dont les abeilles qui le transforment en miel. Une aubaine pour les apiculteurs car le miel de metcalfa est le seul à porter un nom d'insecte, mais un désastre pour les agriculteurs, car sur les dépôts de miellat se développe un champignon noirâtre, la fumagine, qui abime les récoltes. Les adultes sont très mobiles en été. D'abord de couleur blanche, ils brunissent pour enfin devenir bleu-gris. Très polyphages, ils s'attaquent à un très grand nombre d'espèces végétales dont les arbres fruitiers. Pour lutter contre les cicadelles, il a été introduit en Europe un hyménoptère (Neodryinus typhlocybae) prédateur et parasitoïde des larves de cicadelles.

10 - les punaises du pin  (Leptoglossus occidentalis)

31/12/2013 - allée des Cèdres
C'est une espèce originaire des Montagnes Rocheuses américaines (Californie, Oregon et Nevada) considérée comme invasive en Europe où elle est arrivée en 1990. Egalement appelées punaises américaines, elles sont reconnaissables au dessin blanchâtre en forme de W que l'on peut voir sur leurs élytres. Elles se nourrissent de graines de conifères et de cônes en formation, suçant ainsi la sève de l'arbre. En l'absence de prédateurs, elles prolifèrent et envahissent les régions plantées de conifères.

11 - les pélopées courbées (Sceliphron curvatum)

15/6/2014 - les Jardins d'Azur
Ce sont des guêpes maçonnes originaires des régions montagneuses de l'Asie, et notamment de l'Himalaya, apparues en Europe au début des années 1980. Elles se montrent localement invasives et pourrait concurrencer les espèces autochtones. Elles construisent de petites urnes en terre dans lesquels elles entreposent des araignées qu'elles ont paralysées par injection de venin. Ces araignées capturées, encore vivantes, serviront de nourriture à leurs larves. A ce titre, c'est un insecte nuisible car il s'attaque aux petites araignées qui se nourrissent d'insectes divers dont les moustiques. Les pélopées courbées mesurent entre 17 et 25 mm et sont reconnaissables à leur gastre allongé ou pétiole. Leur thorax est noir et jaune et leur abdomen est noir avec des bandes jaunes et orangées. Leurs pattes sont orangées et leurs antennes noires sont longues et recourbées.

12 - les moustiques tigres (Aedes albopictus)

3/9/2013 - les Jardins d'Azur
Ce sont des insectes piqueurs originaires d'Asie du sud-est faisant partie des cent espèces les plus invasives au monde. Ils sont arrivés en France en 2004, vraisemblablement dans les soutes d'avions transitant par l'aéroport de Nice, puis dans le Var en 2007. Ils ont été observés à la Coudoulière dès 2010. Leur abdomen et leurs pattes sont rayés de noir et blanc et leur ont valu le nom de tigre. Ce sont des insectes agressifs dont les femelles piquent le jour au niveau des chevilles. Leur piqûre est urticante et peut démanger pendant deux mois. C'est la salive, injectée lors de la piqûre pour fluidifier le sang de leur victime, qui peut être porteuse de germes et transmettre des maladies comme la dengue ou le chikungunya. On ne peut éradiquer massivement les moustiques tigres sans porter atteinte aux autres populations d'insectes. Il est seulement préconisé de détruire, autour et dans leur habitat, toutes les sources d’eaux stagnantes, gîtes potentiels de reproduction des moustiques... en attendant la solution miracle pour les éradiquer.

13 - les tigres du platane (Corythucha ciliata)

12/7/2014 - avenue des Platanes
Appelés aussi punaises réticulées du platane, ce sont des insectes hémiptères originaires de l'est des Etats-Unis et du Canada. Observés pour la première fois en Italie en 1964, signalés à Antibes en 1975, ils se sont répandus depuis dans toute l'Europe centrale et méridionale. Ravageurs des platanes, ils se nourrissent en piquant la face inférieure des feuilles qui se décolorent et finissent par tomber. Longs de 2 à 3 mm, les tigres du platane ont un aspect blanc crèmeux, avec des taches sombres au milieu des ailes transparentes et réticulées de blanc. Le prothorax porte une tache plus marquée. Leurs antennes d'un blanc sale se terminent en massue. Le traitement biologique se fait en trois phases : une phase de pulvérisation des vers nématodes sur le tronc des platanes en début de printemps ; puis des lâchers d'oeufs de chrysopes (Chrysoperla carnea) sur les feuilles des arbres deux mois après ; puis en juillet, à nouveau pulvérisation des vers nématodes chargés d’éradiquer le nuisible en s’y infiltrant. A noter que cette lutte biologique efficace n’entraîne aucune nuisance pour l’homme.


Voilà, nous avons fait le tour des insectes venus d'ailleurs, recensés à la Coudoulière. On croise les doigts pour qu'il n'en arrive pas d'autres... aux comportements plus virulents que ceux présentés !

Sources :
 - Insectes de Coudoulière, Wikipedia, Daisie (2), Lien horticole

Photographies :
- photos de la planche d'insectes et du CRP : RHP collection
- autres photos : Insectes de Coudoulière

Notes :
(1) La parthénogenèse (du grec parthenos, vierge et genesis, genèse) est la multiplication à partir d'une cellule reproductrice femelle arrivée à maturité et non fécondée.
(2) DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe), organisme qui recense toutes les espèces invasives répertoriées en Europe.


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